Le 21 octobre 2013, suites à des analyses que j'ai faites après un retard de règles, j'ai appris que j'étais enceinte. L'annonce de la nouvelle a été terrible car je savais que le garder n'aurait pas été une bonne chose, je n'étais pas dans une situation stable avec le père qui lui était intérimaire et moi je passe mon bac cette année, ni l'un ni l'autre nous n'avons une situation idéale pour élever un enfant, moi ayant 18 ans et lui 22.
Le 24 octobre, j'ai rendez vous avec une gynécologue qui m'a parlé de la méthode médicamenteuse, j'avais jusqu'au 29 pour y réfléchir, mes parents me soutenaient donc c'était déjà un point positif dans cette histoire. Le père du bébé ne voulait pas le garder non plus, il se sentait trop jeune et n'avait pas envie de se retrouver avec un enfant si jeune, il n'a pas été vraiment d'un grand soutient. Le 29, je suis venue prendre les premiers médicaments. Quand j'ai vu que j'avais perdu du sang dans la nuit ça m'a complètement chamboulé, j'ai compris que je ne pouvais plus faire marche arrière, j'étais anéantie. Le 31 octobre, hospitalisation pour les derniers médicaments, j'ai évacué "l'œuf" assez rapidement, mais j'ai perdu vraiment beaucoup de sang, j'ai été prendre une douche et j'ai perdu plusieurs "morceaux" d'un coup, ça m'a totalement retourné, j'ai fais une sorte de malaise et quand j'ai repris connaissance, j'ai vu la salle de bain remplie de sang. Je crois que ça fait partie de la chose qui m'a le plus traumatisé. Le soir, je pensais que « tout était enfin terminé ». Ça allait mieux dans les jours suivants. je perdais de moins en moins de sang, je n'avais plus mal au ventre. Le 4 novembre, je me réveille avec une douleur horrible dans le bas du ventre, je passe la journée couchée avec une bouillotte, ça me fait du bien, et vers 19h, ça empire, c'est insupportable. Je pars aux urgences, ils me gardent pour la nuit, a 8h un gynécologue vient me faire une échographie et s’aperçoit que je n'ai pas tout « évacué » avec les médicaments, il me reste une masse assez importante.
Le cauchemar recommence, une demi heure plus tard j'étais prête pour le bloc où j'allais avoir droit à une deuxième IVG, par aspiration cette fois. A la fin de la journée, je suis vidée, je rentre chez moi avec le moral au plus bas, je dormais très mal la nuit depuis l'annonce de ma grossesse, je me réveillais en larmes, je ne dormais plus beaucoup, suite au passage au bloc, j'ai eu une anesthésie générale et la fatigue postopératoire m'a permis de reprendre des nuits convenables, sans crises en pleine nuit, donc la journée, étant moins fatiguée, c'était moins dur à gérer. L'infirmière de mon lycée a été très présente pour moi, mes proches également. J'ai arrêté de parler au "père" qui ne prenait quasiment pas de nouvelles. J'ai essayé de remonter la pente, j'ai vu une psychologue qui m'a dit qu'elle ne pensait pas que j'ai besoin d'un suivi régulier mais que si je n'allais pas bien je pouvais retourner la voir. Mais j'ai peur de reparler de tout ça à quelqu'un, j'ai l'impression que d'en reparler va me faire replonger. Ca m'arrive régulièrement de pleurer le soir en y pensant. Sous la douche, j'ai toujours le réflexe de toucher mon ventre, de m'imaginer comment il serait actuellement... J'ai rencontré quelqu'un récemment, je prends toutes les précautions possibles mais j'ai cette peur que ça recommence malgré tout... Et cette semaine, j'ai eu à nouveau mes règles pour la première fois et ça m'a vraiment fait drôle, perdre du sang et avoir des douleurs dans le ventre m'ont rappelé tout ça, j'ai l'impression que tout me ramène à cette dramatique expérience vécue. Je sais que je n'oublierais jamais ce qu'il s'est passé ! Et actuellement, j'ai beaucoup de mal à vivre en mettant ça de côté.