Site icon Avortement.net

laetitia 29 ans

 

Il y a deux mois de cela, j'ai subi une ivg médicamenteuse. J'étais alors enceinte de 6 semaines. Je ne peux pas dire que l'acte en lui même se soit mal passé, puisque j'ai pris un premier cachet et un second deux jours apres. J'ai eu de grosses douleurs lors de la seconde prise, mais cela est resté acceptable... Je ne sais pas vraiment pourquoi j'écris ce message, si ce n'est un besoin de parler... De mettre des mots sur ce qui s'est passé.

 

Je ne prenais plus la pilule, car je ne la supportais plus et j’étais une grosse fumeuse. Et de toute façon j'étais célibataire, donc je ne voyais pas vraiment l'intérêt d’en prendre. Mais je me suis remise avec mon petit ami, et malheureusement, nous n'avons jamais abordé le sujet. Avant d’avoir pu revoir mon gynécologue, je suis tombée enceinte, au troisième mois de notre relation-bis. Je ne peux pas dire que mon petit ami n'a pas été présent, mais il n'a pas vraiment su faire face à la situation. Nous avons décidé que « je devais avorter », puisque, ni l'un ni l'autre n'étions sûr de notre relation, ni de pouvoir assumer un enfant... J'ai toujours affirmé que si je tombais un jour enceinte, je n'avorterais pas, quelle que soit la situation. Or, aujourd'hui, je suis en CDI, je gagne ma vie et pourtant... Pourtant j'ai fait ce choix et  je ne peux m'empêcher de me poser la question: « et si ..? » J'ai refusé que mon ami soit présent lors des différentes étapes, je me suis refermée sur moi même, et lui s'est montré toujours plus maladroit. Il n'a pas retenu les dates de l'IVG, n'a pas pris de mes nouvelles après mes passages à l'hôpital, et m'a fait beaucoup de reproches.

Aujourd'hui, nous sommes séparés et en colère. Je lui en veux terriblement pour toutes ses maladresses, car ce n'était vraiment pas le moment d'être faible et maladroit, et c'est exactement ce qu'il a fait.

Si je vous contacte aujourd'hui, c'est essentiellement car j'ai besoin de mettre des mots sur ma douleur. Autour de moi, ma famille et mes amis me demandent comment je vais, et moi je ne peux que « jouer le jeu » et dire que tout va bien. Je n'arrive pas à dire la vérité... je ne peux pas dire que tout ça maintenant me ronge et que je pleure toute la journée. Je me débrouille pour voir un maximum de personnes afin de ne pas rester seule et ne pas penser, mais lorsque je rentre chez moi je ne dors pas et reste dans mon lit à attendre. Je ne dors plus, si ce n'est quand je tombe de sommeil. Je ne mange plus, et je ne sais pas quoi faire. J'aimerais tellement dire ces choses, mais je sais que les gens autour de moi ne veulent pas les entendre. Ils veulent que « j'avance », car selon eux, l'IVG aujourd'hui est une chose "anodine". Je ne sais plus... je pense sans cesse à tout ça, je regarde mon ventre, je pleure car le matin je n'ai plus de nausées, et que cela veut juste dire que ce bébé ne viendra pas au monde. Je n'arrive plus à imaginer une grossesse, ou même une vie à deux. Lorsque je regarde mon petit ami, je vois juste ce qui s'est passé, et je ne peux plus... c'est, je pense, aussi la raison pour laquelle nous nous sommes séparés. Bref, tout cela peut vous sembler incohérent, mais j'ai juste besoin de dire tout ça, et il est parfois plus facile de le dire à des inconnues...

Quitter la version mobile