L'avortement par aspiration

L’avortement  par aspiration est la méthode la plus souvent utilisée entre la 8 eme et 12 eme  semaine de grossesse. A partir de ce stade, l’avortement médicamenteux devient problématique et souvent contre-indiqué. L’intervention chirurgicale peut se faire sous anesthésie locale ou générale. L’option retenue est faite en accord avec le médecin anesthésiste  qui doit prendre en compte les risques respectifs des deux options.

La méthode :

Comme pour un examen gynécologique, le vagin est d'abord élargi à l'aide d'un spéculum. Ensuite, le col de l’utérus (canal cervical) est dilaté de 4 à 12 mm, selon l'âge de la grossesse, avec des tiges en métal ou en plastique (dilatateur, bougie). Cette dilatation est douloureuse. Aussi, une anesthésie générale (ou locale par des injections autour du col)  est indispensable. La canule reliée à un appareil aspirateur est introduite par le col (photos des instruments ici) . Elle a un diamètre de 4 à 12 mm, en fonction de l'âge de la grossesse. Le fœtus est alors déchiqueté par la canule et le contenu de l'utérus est aspiré. Souvent, la paroi de l'utérus est « contrôlée » avec une curette (instrument en forme d'une petite cuillère) et d'éventuels résidus du fœtus sont évacués. L'intervention se fait nécessairement dans une  clinique médicale disposant des installations et du personnel nécessaires.

Bien que l’intervention elle-même ne soit pas longue, Il faut compter au moins une journée d'hospitalisation.

Une visite de contrôle doit intervenir impérativement entre 2 et 3 semaines après l’intervention chirurgicale. Elle permet de s’assurer qu’il n’existe pas de complication. Une échographie est très souvent faite. Car, il peut y avoir par exemple une infection utérine ou une rétention de fragments de fœtus. Lors de la consultation de contrôle, le médecin peut proposer à la femme une méthode de régulation des naissances adaptée à sa situation et d’avoir recours à un entretien psycho-social, si elle le souhaite.

Les risques de l’avortement :

Les complications après un avortement  ne sont pas très fréquentes. Cependant, dans les jours suivant l’avortement, la femme peut présenter de la fièvre, des pertes importantes de sang ou de fortes douleurs abdominales. La femme doit alors rapidement consulter le médecin dans l’établissement où a eu lieu l’intervention car de graves complications peuvent parfois se produire :

  • Les décès depuis 25 ans restent exceptionnels (liés surtout au risque anesthésique).
  • Les principales complications  sévères liées à l'avortement se produisent dans la semaine suivant l’avortement : il peut y avoir des hémorragies, des infections, des embolies, des complications liées à l'anesthésie et les complications liées aux grossesses extra-utérines qui n'auraient pas été diagnostiquées.  (1)(3).
  • Il y a une augmentation du risque de cancer du sein, du col de l'utérus et des poumons (probablement du à une plus grande consommation de tabac en post-IVG). (2)
  • La femme peut avoir des problèmes de santé « chronique » ou psychosomatique.  Une étude publiée dans une revue médicale américaine montre que les femmes ayant subies un avortement  avaient pour 31% des « problèmes » de santé ce qui se traduisaient par une augmentation de 80% à 180% des visites chez le médecin (4) pour des raisons médicales, psychologiques ou sociales.(5)
  • Les risques de stérilité : L'avortement par aspiration peut endommager les organes de reproduction et provoquer des problèmes à long terme qui mettent en jeu de futures grossesses. Les femmes qui se font avorter sont plus susceptibles d'avoir des grossesses extra-utérines, des problèmes de stérilité,  de faire des fausses-couches ou des accouchements prématurés, par rapport aux femmes qui n'ont pas subi d'avortement. (6)

La douleur physique lors de l’avortement chirurgical Une étude de l’université de Lille  qui porte sur 250 femmes a étudié la douleur ressentie pendant l'avortement  sous anesthésie locale (injections d'un antidouleur autour du col). L'anesthésie ne supprime que la douleur de la dilatation du col et n'a que peu d'effet sur le « pic » douloureux qui se produit par la contraction de l'utérus après l'aspiration. Dans l'étude, les douleurs de l'AVORTEMENT ont été comparées à celles ressenties lors des menstruations

 Elle montre que pour la plupart des femmes, la douleur de la contraction ne dure que quelques minutes. Le graphique fait visualiser la douleur ressentie en moyenne par les femmes durant l'intervention. C'est la contraction de l'utérus après l'aspiration qui provoque la douleur la plus aigüe, mais elle ne dure que peu de temps.

En conclusion :

Lorsque le choix est possible entre les deux méthodes d’avortement, il convient de se souvenir qu'elles ne sont pas sans poser de problèmes et de risques médicaux comme le rappelle le Professeur Philippe ANTHONIOZ  dans une de ses contributions sur le site www.ivg.net
 

Dr Cohen

1. Kaunitz, “Causes of Maternal Mortality in the United States, Obstetrics and Gynecology 65(5), May 1985

2. H.L. Howe, et al., "Early Abortion and Breast Cancer Risk Among Women Under Age 40," International Journal of Epidemiology 18(2):300- 304, 1989; L.I. Remennick, "Induced Abortion as A Cancer Risk Factor: A Review of Epidemiological Evidence," Journal of Epidemiological Community Health 1990; M.C. Pike, "Oral Contraceptive Use and Early Abortion as Risk Factors for Breast Cancer in Young Women," British Journal of Cancer 43:72, 1981; M-G, Le, et al., "Oral Contraceptive Use and Breast or Cervical Cancer: Preliminary Results of a French Case-Control Study, Hormones and Sexual Factors in Human Cancer Etiology ed. JP Wolff, et al., (New York, Excerpta Medica,1984) 139-147; F. Parazzini, et al., "Reproductive Factors and the Risk of Invasive and Intraepithelial Cervical Neoplasia," British Journal of Cancer 59:805- 809,1989; H.L. Stewart, et al., "Epidemiology of Cancers of the Uterine Cervix and Corpus, Breast and Ovary in Israel and New York City," Journal of the National Cancer Institute 37(1):1-96; I. Fujimoto, et al., "Epidemiologic Study of Carcinoma in Situ of the Cervix," Journal of Reproductive Medicine 30(7):535, July 1985; N. Weiss, "Events of Reproductive Life and the Incidence of Epithelial Ovarian Cancer," Am. J. of Epidemiology, 117(2):128-139, 1983; V. Beral, et al., "Does Pregnancy Protect Against Ovarian Cancer," The Lancet 1083-7, May 20, 1978; C. LaVecchia, et al., "Reproductive Factors and the Risk of Hepatocellular Carcinoma in Women," International Journal of Cancer 52:351, 1992.

3. VM Rue et. al., “Induced abortion and traumatic stress: A preliminary comparison of American and Russian women,” Medical Science Monitor10(10): SR5-16, 2004.

4. P. Ney, et al, "The Effects of Pregnancy Loss on Women's Health," Soc. Sci. Med. 48(9):1193-1200, 1994; Badgley, Caron, & Powell, Report ofthe Committee on the Abortion Law (Ottawa: Supply and Services, 1997) 319-321.

5. T. Burke with D. Reardon, Forbidden Grief: The Unspoken Pain of Abortion (Springfield, IL: Acorn Books, 2002), see ch. 13 and 15.

6. Strahan, T. Detrimental Effects of Abortion: An Annotated Bibliography with Commentary (Springfield, IL: Acorn Books, 2002) 168-206.