Je m'appelle Céline, j'ai 21 ans. Mon témoignage est assez long car je trouve enfin le courage d'écrire et de raconter comment s'est passée mon IVG d'il y a 2 ans et demi maintenant. A l'époque je venais à peine d'avoir 18 ans et je commençais tout juste à avoir des rapports avec mon copain. On a eu un souci avec le préservatif UNE foi (je précise le « une foi ») et suite à ça j'ai pris la pilule du lendemain vraiment quelques heures à peine après l'acte. La pharmacienne m'a dit qu'il n'y avait pratiquement aucun risque que je tombe enceinte si je la prenais aussi tôt (98% de taux de réussite m'a-t-elle dit).
J'ai passé l'été sans avoir le moindre symptôme de grossesse, j'avais toujours mes règles, j'étais juste un peu fatiguée mais comme j'avais en même temps eu la mononucléose je ne me suis rendu compte de rien. Le 20 août 2010 j'ai quand même fait un test de grossesse parce que je m'inquiétais de cette fatigue. Et là le choc ! Je n'ai même pas eu besoin d'attendre les 3min du test il a tout de suite viré au positif. Je me suis effondrée (3 mois tout juste que je sortais avec mon copain et c'était le premier avec qui j'ai eu des rapports). J'ai appelé ma mère, elle est venue tout de suite et elle m'a soutenue tout le long de cette histoire. J'ai aussi après prévenu mon copain. Il a été un amour et nous sommes toujours ensemble (ça va faire 3 ans maintenant) mais par contre je ne dirais absolument pas la même chose de la part du corps médical. Après avoir fait le test urinaire j'ai passé une prise de sang, puis j'ai fait une échographie (le 30 aout 2010) et là le verdict est tombé, j'étais enceinte de 12 semaines aménorrhées soit 10 semaines ! (2 mois et demi presque m'a dit le médecin qui m'a fait passé l'écho). Suite à ça on a réfléchit avec mon copain et on a décidé (sans être trop surs) d'avorter.
J'ai vu une gynécologue juste après cette écho, une dame très désagréable qui m'a dit que j'étais vraiment débile d'avoir attendu autant de temps avant d'avoir fait ce test, que j'étais inconsciente, une grosse gamine couche-toit là, alors que je n'ai eu des rapports qu'avec mon copain actuel et qu'on faisait attention. Elle m'a dit ensuite que si je voulais avorter je devais prendre la RU486 tout de suite et dans le feu de l'action, j'étais tellement chamboulée dans ma tête que je l'ai prise. Normalement on a droit a un délais pour la prendre de 8 jours, moi j'ai eu 2min (mais ça je ne l'ai su que après) ! Je suis ressortie du cabinet et impossible de faire marche arrière, je venais de tuer mon bébé ! 2 jours plus tard le 1er septembre 2010 j'avais RDV à la clinique pour l'avortement. Ma mère m'a accompagnée, ainsi que mon copain, je suis arrivée dans la chambre à 8H, on m'a donné la première prise de 2 cachets de CYTOTEC, ainsi que des antidouleurs et des anti-vomitif que j'ai vomi juste après. Vers 9H les premières contractions ont commencées, de plus en plus douloureuses et de plus en plus rapprochées. Je serrais fort la main de mon chéri, je criai mais pour le moment rien de sortait sauf du sang, beaucoup de sang. Vers 10H30 on m'a donné encore 2 autres cachets de CYTOTEC, les contractions ont reprit de plus belles, la douleur devenait insupportable et j'ai supplié les infirmières de me donner des anti-douleur mais je n'ai eu droit qu'à du spasfon! (le truc que je prenais pour mes règles douloureuses! lol) Pendant des heures, j'ai souffert le martyre j'ai perdu du sang mais toujours rien. J'étais tellement pliée en 2 de douleur que je ne savais même plus qui était là et ce qui se passait autour de moi.
Vers 15h l'infirmière est arrivée avec la 3ème prise de CYTOTEC, je me souvient l'avoir suppliée pour ne pas la prendre, que je sentais le foetus sortir mais je l'ai prise. Vers 15h45 le foetus est sorti et est tombé dans les toilettes car je suis restée assise sur les toilettes toute la journée tellement je saignais. L'infirmière est arrivée a regardé, elle m'a demandé si je voulais le voir, j'ai dit non (j'étais dans un était second à cause de la douleur) mais je l'ai quand même vu, c'était un petit bébé de 8cm de long sur 5cm de large, tout formé avec ses bras, ses jambes, son visage. J'étais encore assise sur les toilettes que là, l'infirmière , sans même me demander si je voulais le récupérer ou que elle le mette dans une serviette pour l'amener ailleurs, tire la chasse d'eau... Je suis restée là assise sans rien dire, j'étais choquée, quel manque cruel de respect pour moi mais aussi pour ce petit être qui ne méritait surement pas de finir dans les toilettes! C'est horrible et cette image me hante jour après jours depuis 2 ans et demi. Ce jour restera à jamais gravé dans ma mémoire, de 9H à 15H45 j'ai souffert comme je n'ai encore jamais souffert de ma vie et je n'ai eu comme seuls anti-douleurs du spasfon.
Passé le traumatisme de la douleur que j'ai ressentie ce jour là, il a fallu passer le cap de la douleur psychologique que j'ai eu après ça et je crois que ce cap n'est pas encore passé même si je vais mieux moralement depuis quelques mois. Je n'ai eu aucun suivi psychologique et pendant un bon moment j'ai refoulé cette douleur et j'ai commencé mes études de médecine mais ce traumatisme m'est revenu en pleine face quand on a commencé à parlé de l'embryologie en cours.
J'ai arrêté mes études, je suis tombée dans une sorte de déprime, j'ai eu de nombreux problèmes de santé dûs à cette journée: grosse anémie (car j'ai perdu du sang pendant 1moi et demi après l'IVG), infections urinaires, de nombreuses petites infections d'ordre vaginal (mon gynécologue m'a dit que mon col de l'utérus étais très fragile suite à ça); sans compter toutes les peurs et les angoisses qui sont arrivées il y a quelques temps et qui me pourrissent la vie. Heureusement, mon chéri me soutient beaucoup, ainsi que ma mère; je ne sais pas si je serrais encore en vie sans eux et leur amour. Mes amis ne savaient pas trop comment réagir alors la plupart ont préféré l'ignorance et ont fait comme si de rien n'était.
Mon père a lui aussi réagit comme ça pendant un moment parce qu'il ne s'était pas rendu compte de la souffrance que j'éprouvais face à ça. Maintenant il essaye de se rattraper mais je garde quand même une grande peine à cause de sa réaction et je lui en veux encore. Après cet épisode de déprime j'ai quand même réussi à recommencer à vivre, j'ai travaillé pendant un petit moment et depuis septembre 2012 je suis retournée aux études mais cette fois en biologie. Je vais mieux mais il me reste cet horrible souvenir et si c'était à refaire je pense que je garderais mon bébé. Je n'ai jamais parlé de ça en détails comme je l'ai fait ici, seuls mon chéri et ma mère connaissent toute l'histoire. Je reste tout de même positive et me dis que je n'ai pas eu de chance avec les médecins et infirmières qui se sont occupés de moi mais que tous les autres ne réagissent pas comme ça ! Donc je ne suis pas non plus totalement dégoutée du corps médical.
je vous remercie d'avoir lu jusqu'au bout ce que j'avais à dire et si vous avez des questions, si mon histoire fais écho à quelqu'un, je serais ravie de lui répondre. (laisser un message à mon attention «Celine 18 » sur le site ivg.net ou www.avortement.net )